J’ai rencontré Brunilde
Ract-Madoux, à un colloque de la SFECA fin 2013. Ethologue au refuge AVA, elle était
venue présenter une étude réalisée dans ce refuge pas tout à fait comme les
autres. Il y a quelques semaines, Brunilde a eu la gentillesse de me faire
visiter le domaine, et de prendre le temps de parler avec moi des études
qu’elle réalise à l’AVA. J’ai été tout particulièrement intéressée par cet
échange, d’autant plus qu’encore peu d’études scientifiques sont réalisées sur
le Chat, cette espèce fascinante sur laquelle nous avons encore tant à
découvrir.
Le refuge AVA a ceci de
particulier qu’il collabore depuis plusieurs années avec des Ethologues afin
d’étudier les comportements des chiens et des chats, sous deux axes de
recherche principaux : le bien-être et la réhabilitation des animaux. S’étalant sur un
domaine de 75 hectares, celui-ci offre à ses chats une vie paisible dans de
grands enclos extérieurs, parsemés de nombreux arbres, points de nourriture et
abris.
Ces dernières années,
Brunilde Ract-Madoux s’est attachée à étudier l’organisation spatiale d’une
population de chats captifs, avec pour application directe une meilleure
compréhension des besoins des chats et la mise en place des aménagements
adaptés. Elle a observé les comportements des chats et leur utilisation de
l’espace sur un cycle annuel, afin de déterminer en quoi un milieu de vie bien
aménagé peut permettre aux chats de réguler leurs distances interindividuelles et
ainsi contribuer à leur bien-être.
En effet, on sait que
le chat est un animal solitaire, mais que des regroupements de chats peuvent se
faire lorsqu’une ressource alimentaire est concentrée dans un espace donné. Brunilde
Ract-Madoux précise que l’on peut souvent observer une grande tolérance
des chats avec leurs congénères, à travers un certain nombre de contacts et d’interactions
positives (souvent en lien avec le degré de parenté, mais pas seulement). La
captivité (et notamment la vie en refuge) force les individus à vivre dans un
espace restreint, et il est important de savoir comment aménager cet espace au
mieux pour que les chats puissent réguler leurs distances interindividuelles et
évoluer dans un environnement le plus serein possible.
L’étude de Brunilde
Ract-Madoux a révélé que l’utilisation de l’espace par les chats varie
significativement en fonction des saisons. Des abris sont répartis dans tout
l’enclos et les chats sont majoritairement dispersés en été. Or, en hiver ceux-ci
ont tendance à se regrouper autour d’un grand chalet central qui est chauffé
(bien que certains gardent toujours un peu leurs distances). Il a également été
observé un chevauchement important des domaines vitaux des chats et de nombreux
contacts entre ceux-ci (bien que très peu d’interactions à proprement parler).
Ces résultats confirment le mode de vie solitaire du chat domestique, mais suggèrent
une très grande tolérance des chats amenés à vivre en captivité. Brunilde
Ract-Madoux souligne également l’importance de mettre en place des aménagements
adaptés au bien-être des chats, leur
besoins variant en fonction des saisons.
Pour plus d’informations, vous pouvez
visiter le site du refuge AVA : http://www.avarefuge.com/
Charlotte de Mouzon - www.ethocat.com
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